Avertissement: Les textes développés ci-dessous, et d'une manière générale dans toutes les pages de ce site, sont uniquement
destinés à votre information, et ne sauraient constituer ou remplacer une consultation médicale individuelle.
Cette affection se développe chez de nombreux chiens âgés.
Les principaux signes d'alerte sont : un animal fatigué, qui s’essouffle vite et tousse fréquemment au moindre effort ou encore qui tousse la nuit sans effort particulier, ou respire de façon anormale.
Cela peut aussi se manifester parfois par des syncopes. Il est intéressant de comprendre comment se développe une insuffisance cardiaque, afin de la reconnaître et de la traiter rapidement.
Le cœur
Le cœur est une pompe qui fait circuler le sang dans l’ensemble du corps. On peut schématiquement distinguer deux « circuits » dans la circulation
sanguine : un petit circuit qui amène le sang du ventricule droit aux poumons pour capter l’oxygène. Le sang chargé d’oxygène est ensuite ramené dans l’oreillette gauche. Ensuite, il passe dans
le ventricule gauche qui l’envoie sous pression dans tout l’organisme, par l’artère aorte. Le sang fournit l’oxygène te les nutriments à tous les organes, puis est ramené vers l’oreillette droite et
repart dans les poumons via le ventricule droit, et ainsi de suite…
Le travail de « pompage » est effectué par la contraction du muscle cardiaque : le MYOCARDE. C’est le tissu fondamental
du cœur, qui doit assurer une irrigation sanguine correcte de tous les organes en permanence. Selon la taille du chien, le nombre de battements varie entre 50 et 200 par minute. Les chiens de petite taille ont un rythme cardiaque plus rapide que les
grandes races. De manière générale, plus l’animal est petit, plus le cœur bat vite.
Il arrive malheureusement que le muscle cardiaque ne soit plus capable de fonctionner correctement, ou que les valvules ( sortes
de clapets qui séparent les cavités cardiaques) ne soient plus parfaitement étanches. Le sang ne circule alors plus correctement dans l’organisme et les poumons. On a des variations de pression dans les veines et les artères,
d’où hypertension en général, ou parfois hypotension. C’est alors que l’on constate les symptômes sur l’animal.
Les causes de l'insuffisance
cardiaque
Elles sont très variables. L'insuffisance cardiaque peut toucher seulement une partie du cœur (moitié gauche ou droite) ou le cœur dans sa totalité ( insuffisance cardiaque globale ).
On
peut parfois identifier chez certains individus des malformations cardiaques congénitales, dès le plus jeune âge : rétrécissement (sténose) des valvules, ou défaut de fermeture de ces valvules. Ces cas sont
malgré tout assez rares, et n’entraînent d’ailleurs pas toujours de symptômes..
La plupart du temps, les problèmes cardiaques se développent lorsque l’animal avance en âge. Les valvules sont de
fines membranes fibreuses chargées d’assurer l’étanchéité des compartiments cardiaques (oreillette ou ventricule ) lors de leur contraction, et donc de réguler le sens de circulation du sang. En vieillissant,
ces membranes deviennent moins lisses, moins élastiques, et ont parfois tendance à « bourgeonner », ce qui perturbe leur étanchéité. Du sang peut alors refluer, lors de la contraction des ventricules
notamment. On entend alors un bruit anormal : le souffle cardiaque, qui provient du reflux d’une partie du sang par la fuite.
Ce reflux entraîne évidemment une perte de pression sanguine en aval de la fuite, et une surpression
en amont. La plupart du temps, la « fuite » se situe au niveau de la valvule mitrale, qui sépare oreillette et ventricule gauches. Il y a alors une surpression sanguine au niveau du poumon, ce qui cause
l’œdème pulmonaire et la toux.
Principaux symptômes et leur évolution
L'insuffisance cardiaque est une maladie hélas relativement
fréquente. Elle apparaît souvent chez les animaux qui prennent de l'âge. Il est difficile de donner un âge précis pour le début d'apparition des symptômes car cela dépend de la race de votre chien, et de
l'individu lui-même. L'insuffisance cardiaque évolue en plusieurs temps :
Première phase
Au début, lorsque les lésions valvulaires sont faibles,
le chien ne présente pas de symptômes. On peut parfois, à l’occasion d’un examen de routine (consultation vaccinale par exemple ) entendre un souffle ou une autre modification des bruits cardiaques, sans que l’animal présente
le moindre signe. C’est ce que nous appelons la phase de compensation. Le cœur va battre un peu plus vite, et surtout augmenter sa puissance de contraction. Le myocarde, qui est un muscle, s’épaissit car il travaille
plus pour assurer la circulation du sang à peu près normalement. A ce stade, on peut voir à la radiographie une augmentation de la taille du cœur, et une échographie peut montrer une hypertrophie de la paroi ventriculaire.
La maladie est déjà là, mais il n'y a aucun symptôme visible à part une augmentation de la taille du cœur, et une modification des bruits cardiaques à l’auscultation.
Deuxième phase
Quelques mois à quelques années plus tard, le myocarde, qui est arrivé à son maximum de puissance, ne peut plus compenser la perte due aux « fuites »,
notamment lorsque l’organisme doit faire face à des efforts importants ou à un stress. Le muscle cardiaque se fatigue, se contracte moins bien, et commence à s’atrophier. On a une dilatation des cavités, ce qui
assure beaucoup moins bien la circulation sanguine. Comme le sang circule moins bien, on a un « engorgement » par surpression au niveau du poumon. Les veines pulmonaires sont sous pression, de l’eau arrive à sortir à
travers les parois veineuses, créant l’œdème pulmonaire. Parfois, les veines abdominales ( veine cave ) sont également sous pression, et de l’eau sort dans la cavité abdominale : c’est
l’ascite.
Les symptômes apparaissent alors:
- De la toux après l'effort, ou même la nuit au repos
- Le chien se fatigue rapidement
- On a l’impression que l’animal veut cracher
un corps étranger coincé dans sa gorge, il remonte parfois des glaires
- L’animal s’essouffle très vite, même sans faire de gros efforts
- Ces signes apparaissent plus souvent, ou s’aggravent en période
de fortes chaleurs, de temps « lourd »
A ce moment, il convient d'aller consulter un vétérinaire sans tarder.
Troisième phase
C'est la phase dite de décompensation. Le cœur est usé et ne parvient plus à fonctionner efficacement. Les symptômes de l'insuffisance cardiaque sont présents même au repos (quintes de toux,
essoufflement). Le chien peut même faire des syncopes. Parfois l’abdomen est dilaté par le dépôt de liquide d’ascite. A ce moment, le moindre effort peut être à l'origine d'un œdème aigu du poumon
( O.A.P. ) ou d'une crise cardiaque.
Importance du diagnostic et du traitement
Pendant la 1ère phase, qui est asymptomatique, le traitement n'est pas nécessaire.
Votre vétérinaire vous signalera que l’animal présente un souffle, mais pas d’affolement : si le chien ne présente aucun symptôme, sa vie n’est absolument pas en danger. On voit des tas de chiens ( et
d’humains ) vivre avec un souffle cardiaque sans aucune répercussion. Il est cependant important de le savoir et de connaître les symptômes, afin de traiter précocement en cas d’apparition de signes cliniques.
Lorsque
l’on atteint la deuxième phase, c'est à dire quand les premiers signes apparaissent, il est important de mettre en œuvre un traitement assez vite. Le vétérinaire essaye de détecter l'importance de l'insuffisance
par l'auscultation (audition d'un souffle grâce au stéthoscope) : toutefois, l'intensité d'un souffle à l'auscultation n'est pas proportionnelle à la gravité de l'affection qui le provoque. Il peut également
effectuer une radiographie du thorax voire une échographie du cœur et/ou un électrocardiogramme. Ceci permettra de faire un diagnostic précis de l'affection dont souffre le chien, et d’adapter au mieux le traitement.
Un traitement dit hygiénique est à instaurer dans un premier temps.
Il faut limiter au maximum les efforts intenses du chien : éviter les exercices violents, faire
plutôt des promenades en laisse en évitant les sorties aux heures chaudes de la journée. Un exercice physique régulier et calme est très important, afin d’éviter une prise de poids et de continuer à stimuler
le muscle cardiaque.
En effet, l'obésité aggrave les symptômes ; une surveillance du poids du chien est donc importante. La mise en place d'un régime amaigrissant peut faire partie du traitement. Une alimentation pauvre
en sel est indiquée et votre vétérinaire pourra vous conseiller éventuellement des aliments diététiques en accord avec l'état de santé de votre chien.
Ces mesures hygiéniques sont en général complétées par un traitement médical.
Généralement, il consiste en l'administration quotidienne de comprimés
ou de gouttes à votre chien. Ces médicaments améliorent le travail du cœur et évitent l'apparition d'un œdème pulmonaire. On y associe généralement des diurétiques, qui font uriner l’animal
plus qu’il ne le devrait, afin d’essayer « d’essorer » le poumon.
Il faut savoir que ce traitement est à poursuivre à vie, ce qui est parfois astreignant mais indispensable à la survie
de l’animal. L'état du chien s'en trouve normalement très vite amélioré, et son espérance de vie en sera considérablement augmentée. Depuis quelques années, les traitements pour les chiens cardiaques
ont beaucoup progressé. Cependant, la stabilisation est toujours un équilibre précaire.
Même si les symptômes semblent apparaître très brutalement, l’insuffisance cardiaque se prépare déjà
depuis des mois ou des années, et le muscle cardiaque est en général déjà bien fatigué.
Le traitement apporte en général une amélioration spectaculaire, mais ensuite la stabilisation
de l’état de l’animal cardiaque et sa durée de survie va dépendre en grande partie du bon respect des consignes du vétérinaire, et d’une surveillance régulière du malade.
Conclusion
Plus un problème cardiaque est dépisté tôt, et plus on a de chances de le traiter efficacement et durablement. .Les consultations vaccinales, pratiquées
une fois par an, sont déjà très souvent l’occasion de dépister à l’auscultation un souffle ou un trouble du rythme, que le propriétaire ne peut évidemment pas deviner lorsqu’ils n’entraînent
aucun symptôme. En étant averti, on peut réagir plus vite. De cette précocité d’action dépend l’efficacité du traitement. Nous vous conseillons donc d'aller consulter votre vétérinaire
dès l'apparition de signes inquiétants (toux après un effort notamment, fatigue anormale, essoufflement). Dans le cas où celui-ci diagnostique une insuffisance cardiaque, des soins attentifs et un bon suivi médical
permettront à votre chien de vivre encore de belles années à vos côtés.